▼ LETTRE OUVERTE

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La Bobine, le 8 juin 2023

Nous présentons aujourd’hui publiquement nos excuses, pour le mal et le tort que nous avons causé dans la mauvaise prise en charge du signalement de février 2021. Celui-ci portait sur des faits de violences sexuelles et conjugales de la part d’un ancien salarié de La Bobine. Aucun mot, aucune action n’est assez forte pour réparer le passé. Par cette lettre, nous souhaitons aujourd’hui prendre nos responsabilités sur les réseaux sociaux, après des échanges en réel. Nous avons mis un peu plus d’un an et demi à écrire cette lettre, parce que nous estimons que des excuses entières s’accompagnent d’actes et de changements concrets, résultant d’un long travail collectif.

Nous orientons donc nos actions là où nous avons du pouvoir de transformation. Depuis 2 ans, nous nous plongeons activement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Nous réalisons aujourd’hui à quel point la complexité de cette lutte, que nous avions largement sous-estimée, nécessite de nous décaler du confort du manichéisme.

Pour traverser cette réalité, nous avons dû accepter que nos arbitrages et nos outils seraient imparfaits et en construction permanente, tout en gardant la plus grande exigence possible. Nous faisons le choix d’arrêter de croire qu’un lieu « safe » existe, tout en continuant à lutter. Nous faisons le choix de ne plus tolérer les violences. Nous faisons le choix de prendre le temps du processus. Nous faisons le choix d’une remise en question collective et en acte. Nous faisons le choix de prendre soin des personnes qui travaillent en interne contre les violences, afin de préserver leur capacité à se transformer et à s’améliorer.

Ces deux années ont engendré une remise en question longue de nos fonctionnements internes, et notamment de notre posture dans notre travail et de la priorité donnée aux problématiques des violences. Nous avons constitué un pôle de référent.e.s engagé.e.s sur les violences sexistes et sexuelles, écrit et ré-écrit un protocole de prise en charge des signalements, modifié notre règlement intérieur, formé nos équipes, développé des outils d’écoute de victimes, restructuré nos équipes salariées et bénévoles, ainsi que la répartition du pouvoir.

Nos outils ne sont pas parfaits, et ne règlent pas tout. Ils sont l’émanation d’une volonté collective. Nous continuons de les éprouver et de les travailler. Nous tentons de naviguer dans ces eaux peu explorées, en gardant pour cap notre esprit critique, affiné de multiples formations, lectures et échanges de pratiques.

Depuis de nombreux mois, nous avons ouvert nos portes aux artistes, membres d’associations et structures qui souhaitaient nous rencontrer pour partager notre cheminement. Nous remercions celles et ceux qui ont pris ce temps. Nous maintenons notre volonté de rester ouvert.e.s au dialogue.

Nous renouvelons nos excuses. Nous voulons sincèrement faire mieux et prendre part aux changements avec détermination et humilité.

Toute l’équipe de La Bobine.

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