La ‘world music’… L’ ‘exotisme’… Tout un chapitre, à jeter aux oubliettes. Une vision binaire de l’occident VS le reste du monde, dépassée, balayée par les évènements. Et une ignorance crasse de la culture noire et celle de toutes les populations opprimées dans la musique populaire moderne. Le blues, le jazz, le rock, le hip hop, la techno, on sait d’ou ça vient en vrai. Et l’Afrique dans tout ça? Un patrimoine infini de créativité. Et le futur eldorado de la pop. Ce scénario, c’est le pari qui tient la radio Secousse depuis 2010, 7 jours sur 7, 24h/24. Du Pow-wow des amérindiens au Funk de Rio, de la Soukous Congolaise à la Trap d’Atlanta, du Dabke Syrien au Grime anglais, de la Rumba Catalane au disco de Bollywood, du Dancehall jamaïcain au Zouk des Caraïbes, des centaines et des centaines de genres sont mis en valeur sur ses ondes. Une musique locale mondialisée, sous-estimée, controversée, exotisée et détournée. Une musique pas faite pour 100 personnes mais pour des millions ?
Secousse c’est aussi un label de réédition, actif depuis 2011. Une première compilation d’abord, pour le prestigieux label belge Crammed records: The Sound of Secousse. Puis en 2014 l’anthologie d’un pionnier de la Rumba de Brazzaville, le regretté Papa Kourand. Après 2018, les sorties s’enchainent. 13 disques vinyl voient le jour, et nous baladent des années 70 aux années 2020, de la Guadeloupe aux Comores. En 2022, la suite s’annonce chargée: premier 45 tours, premier livre-disque, première bande originale de film.
Secousse c’est aussi des soirées. La première a lieu au bus Palladium en 2006. Le Divan du Monde est sa deuxième maison, pendant 3 ans. Exil à Londres oblige, c’est le Notting Hill Arts Club qui s’y colle, avec une soirée mensuelle de 2006 à 2010. Secousse envoie la sauce à New York ensuite, au Caire. De 2010 à 2015, c’est le Comptoir Général à Paris qui héberge la radio et d’innombrables rendez vous musicaux. 2019: ça déménage à Marseille. Le Mucem, la Friche de la Belle de Mai, le Makeda, le Chapiteau, mais aussi Arles, Montpellier et toute la région en font les frais. Secousse a trouvé son nouveau terroir ensoleillé, qui l’accueille à bras ouvert. Les valises sont posées pour de bon.
Derrière Secousse
L’homme de l’ombre s’appelle Etienne Tron. Il a 41 ans, et ca fait deja 25 ans qu’il consacre sa vie à la musique. Première guitare en 1992, premières platines en 1997. Il est traumatisé par le rap à l’adolescence. Cette musique où tout les coups sont permis, qui malaxe le jazz, le funk, le zouk, la variété, les synthés, qui bouffe à tous les râteliers, c’est sa matrice, et son guide pour plonger tête baissée à la source de tout, l’Afrique, à la fin des nineties. Sa collection de vinyl n’a jamais cessé de grossir. Etudes en poche, Il fait ses armes dans le music business à Londres en 2000, chez Big Dada / Ninja Tune, le label du jeune Diplo, de Roots Manuva et des franchies de TTC. Sa carrière de DJ et producteur décolle dès 2002 au sein du duo Radioclit, elle l’emmène aux quatre coins du monde dans les années qui suivent. Les collaborations s’enchainent: M.I.A., Santigold, Vampire Week-end, Skepta… En 2008, nouveau chapitre. Il se réinstalle en France, et abandonne la composition pour se consacrer exclusivement à sa passion initiale: la recherche musicale. D’artiste, il se veut désormais au service des autres. Raconter la vraie histoire de la musique. Mettre en valeur les vrais pionniers. Rendre enfin à César ce qui lui a toujours appartenu. Dès 2014, en plus de ses activités liées au DJing, à la direction artistique et à la production, il devient aussi superviseur musical pour des lieux, des marques, des films. Sa vie est simple: se lever, mettre un disque. Kiffer. Et partager son kif.
